Des nouvelles de Mayday.

Des nouvelles de Mayday.

Mayday au champ

Bonjour, ici Mayday, je suis une mule. Vous m’avez vu à l’émission Hôpital vétérinaire à l’automne 2016. Je suis arrivé au Centre équestre Entre-Ami en avril 2016. Pour avoir plus d’information sur les circonstances de mon arrivée au centre équestre, vous pouvez lire cet article . Je viens de réaliser que je n’ai pas vraiment donné de nouvelles depuis mon arrivée. Alors voici ce qui m’est arrivé depuis que je suis ici.

2016

Le premier parage …

Je m’habitue tranquillement à ma nouvelle maison. J’aime bien les enfants, ils peuvent venir me voir quand je suis dans mon box et je ne m’éloigne pas. Je suis plus craintive avec les adultes, surtout les messieurs. J’aime bien Martine, l’entraîneuse du centre équestre. Elle m’a montré à donner les pattes pour pouvoir les curer. Elle m’a montré à transférer mon poids de l’autre côté, pour ne pas avoir peur de tomber. Pour les pattes arrière, cela a été plus difficile, j’avais peur quand mettant du poids sur mes antérieurs, ceux-ci me fassent mal. Mais avec le travail que le maréchal-ferrant avait fait, je pouvais mettre du poids sur mes pieds avant sans problèmes. J’étais de moins en moins stressé lors de la visite du maréchal-ferrant et d’un parage à l’autre j’avais besoin de moins en moins de sédatifs pour rester calme. Pour être honnête, disons, pour rester suffisamment calme pour que trois personnes me tiennent immobile, ou presque.

Pour aller aux champs, on m’a installé un enclos en métal juste pour moi. Sinon je passais entre les fils électriques. On est futée nous les mules, vous savez. Les choses se présentent de mieux en mieux, je devrais être très bien ici.

À l’automne il est décidé qu’il serait utile d’avoir des radiographies de mes antérieurs. Pas de

Sédation de Mayday par la vétérinaire.

problèmes, on m’a déjà pris en photos et cela ne me dérange pas. La journée prévue, Pierre, le propriétaire du centre équestre entre dans mon box et installe mon pied sur un bloc de bois pour avoir un meilleur angle pour la radiographie. Je le laisse faire, je suis un peu stressé, mais pas suffisamment pour avoir besoin d’un sédatif.Et là!, là! la méchante vétérinaire entre dans mon box avec une boîte jaune, je suis certaine qu’elle va vouloir m’enfermer dedans… Pas question ! Surtout que je ne fais même pas dans cette trop petite boîte jaune. Après trois injections de sédatif et être maintenue en place par trois personnes, ils ont réussi à prendre les radiographies de mes antérieurs. J’en ai même voulu à Martine pendant quelques semaines d’avoir laissé entrer la vétérinaire dans mon box avec cette dangereuse boîte jaune. J’en ai aussi voulu à Pierre et ce juste qu’à tout récemment. Et pour la vétérinaire et le maréchal-ferrant, jamais je ne leur pardonnerai. Nous les mules on a la mémoire longue.

Ici Pierre, les radiographies ont montré des traces de plusieurs blessures aux tissus mous aux points d’attache sur les os. Il y a aussi des traces de fourbures avec une légère rotation de P3 et sur l’antérieur droit l’ensemble P1,P2 et P3 ne sont pas bien alignés. Toutes ces blessures semblent être très anciennes, possiblement dans les quatre premières années de vie, sous toutes réserves.Elle a possiblement eu une mobilité très réduite pendant près de deux ans.

Je fais une mise en garde ici. Il est évident que Mayday ne l’a pas eu facile, mais on ne peut pas parler de maltraitance ici. Sa condition de chair à l’encan qui était d’environ 5 et les difficultés rencontrées pour s’occuper de ses pieds semblent plutôt indiquer un propriétaire qui a fait ce qu’il pouvait pour s’en occuper et à bout de ressources il a décidé de l’envoyer à l’encan. Pas de jugement non plus, Mayday ne présente aucun signe d’un animal maltraité. Il s’agit simplement d’un animal de ferme n’ayant pas eu plus d’interactions avec l’humain que nécessaire.De plus, elle marche, trotte et galope sans boiterie évidente. Elle a su s’adapter à sa condition et s’en tire très bien.

2017

Mayday avec Martine.

Ici Mayday de nouveau. Après quelques semaines, j’ai pardonné à Martine. J’aime bien Isabelle, c’est elle qui nettoie mon box et qui me sort dehors. Je n’ai pas tout à fait pardonné à Pierre. On doit encore me donner beaucoup de sédatifs pour me parer les pieds, mais seulement deux personnes sont requises pour me tenir. Je continue à aller aux champs dans mon enclos en métal et à courir dans le manège. J’aime toujours quand les enfants viennent me parler en avant de mon box.

Après les trois derniers parages j’ai fait une colique. Selon la vétérinaire, cela serait causé par les doses importantes de sédatif que je dois avoir. Je sais, je ne suis vraiment pas gentille avec la vétérinaire et le maréchal-ferrant, mais je n’y peux rien.La première colique était petite. Martine m’a marché dans le manège et le tout a passé. La deuxième a fait peur à tout le monde.J’ai eu très mal, au point ou j’ai laissé Pierre me donner deux injections de Banamine sans rien faire, c’est tout dire. La troisième fois, j’avais moins mal que la seconde et je n’ai pas été très gentille avec Pierre. Lorsqu’il a tenté de me donner mon injection de Banamine, je me suis cabré devant lui, tenté de me sauver, de me tourner pour pouvoir ruer. Finalement, il n’a pu me donner une fraction de la dose requise.

Après cette altercation, Pierre est revenu dans mon box me parler. Il m’a fait comprendre que je ne devais pas essayer de tourner les fesses lorsqu’il m’approchait, qu’il ne me voulait pas de mal, au contraire.C’est difficile, mais je fais des efforts.

2018

Depuis le début décembre, il y a un nouveau cheval à l’écurie. Il s’appelle Sammy. Il était dans une autre partie de l’écurie, mais depuis les grands froids il est dans un box en diagonale du mien. Quand je vais dans l’allée, j’aime bien m’approcher de son box et le sentir lorsqu’il met son museau sur le bord des barreaux. Je crois qu’il m’aime bien lui aussi.

Pierre est revenu me parler. En fait, il me dit souvent bonjour lorsqu’il passe en avant de mon box ou lorsque c’est lui qui me nourrit. Mais là, il est venu me parler plus longuement. Il m’a expliqué qu’il avait parlé avec le maréchal-ferrant qui s’occupe de moi, avec la vétérinaire et avec le maréchal-ferrant du centre équestre et que tous sont d’accord que les choses ne peuvent continuer comme elles sont. La vétérinaire dit que si je continue à recevoir autant de sédatifs à chaque parage je vais éventuellement faire une colique qui va me tuer. Je ne veux pas faire de colique cela fait très mal, et je ne veux pas mourir. Les maréchaux-ferrants lui ont dit qu’il serait possible de ne parer mes pieds qu’un peu chaque semaine. Pierre m’a aussi dit que ce serait lui qui ferait le parage et que le maréchal-ferrant du centre équestre vérifierait le travail à chaque fois qu’il vient et qu’il lui indiquerait les corrections à apporter.Pierre m’a aussi dit qu’il n’est pas maréchal-ferrant et que mes pieds ne seront pas aussi bien faits, mais que c’était la meilleure option pour moi. Qu’en fait, je n’avais pas vraiment d’autres options. Je lui ai promis de faire un effort.

Le premier mercredi de janvier, Pierre m’a sortie de mon box et placée dans l’allée. Je l’ai laissé me curer les quatre pattes sans faire de problèmes. Il a ensuite sorti sa lime. Je lui ai laissé faire trois pattes. Il n’a pu terminer la quatrième, je commençais à être impatiente. Pierre m’a dit qu’il était très fier de moi, que j’avais fait un bel effort.

J’espère que tout va continuer à bien aller. Je vais y travailler très, très fort.

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